Monday, November 28, 2005

(ENGOUEMENTS TROMPEURS)

Tant que nous analyserons une religion ou une philosophie par rapport à leurs attraits, indépendamment de leur caractère rationnel, nous ne serons malheureusement jamais à même d'apprécier cette religion ou cette philosophie par le nombre de leurs adhérents :

"Aucun prince indien n'a, quand il rentre dans son palais,
Autant de suivants qu'un voleur qui monte au gibet."


(Extrait d'un feuilleton des "Marginalia" -- Juillet 1849.
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Traduction de V. Orban -- 1913.)

Thursday, November 24, 2005

(ERREUR TACTIQUE)

Mon ami X... ne peut jamais commencer ce qu'il s'imagine être un poème, (au demeurant, c'est un homme fantasque) sans d'abord invoquer laborieusement les Muses. Mais celles-ci, semblables en cela aux chiennes de Jean de Nivelles, se dérobent d'autant plus qu'il les appelle davantage.


(Extrait d'un feuilleton des "Marginalia" -- Juin 1849.
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Traduction de V. Orban -- 1913.)

(ERREUR CLASSIQUE)

"Incidis in Scyllam cupiens vitare Charybdim" (*)
est un vers qui ne se trouve ni dans Virgile ni dans Ovide, comme on le suppose souvent, mais dans l'"Alexandreis" de Philippe Gautier, un poète français du treizième (douzième) siècle.

(*) "On tombe sur Scylla en voulant éviter Charybde".


(Extrait des "Pinakidia" -- Août 1836.
Absent de l'édition posthume de 1850, ce texte fut reproduit dès 1875 dans l'édition britannique préparée par J. H. Ingram.)

Tuesday, November 22, 2005

(LA FLEUR ET LE FRUIT)

Le Politien, poète et grand érudit, brûlait d'une intense passion pour Alessandra Scala. Un jour, il lui adressa cet impromptu:

"Tu sais montrer qu'en vain
Mes heures je gaspille,
O trop cruelle fille :
Quand pour fruits te supplie,
Rien que fleurs je n'obtiens..."


(Extrait des "Pinakidia" -- Août 1836.
De cette épigramme composée en grec, Poe donne la traduction suivante:
"To teach me that in hapless suit
I do but waste my hours,
Cold maid, whene'er I ask for fruit,
Thou givest me naught but flowers."
Absent de l'édition posthume de 1850, ce texte ne fut reproduit qu'en 1902.)