Sunday, December 11, 2005

(S'ABSTENIR D'EXPLIQUER)

(...) Le climat d'horreur habilement suggéré et entretenu par l'artiste produit un effet qui va complètement effacer celui réservé à la conclusion. Un tel climat, avec ces sombres allusions à quelque malheur trouble -- dont on ne manque pas, avec force emphase, de saluer l'efficacité -- ne mérite, en fait, éloge... qu'en l'absence de tout dénouement, quand l'imagination du lecteur est laissée à elle-même pour, à sa guise, débrouiller le mystère. (...)


(Extrait des comptes-rendus critiques du "Barnabé Rudge" de Ch. Dickens -- Mai 1841, puis février 1842.
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Traduit par R. Messac en 1929.)

Monday, December 05, 2005

(LES ROMANS D'ACTION)

(...) De simples incidents, sérieux ou cocasses, rapportés ou en plein déroulement, -- de simples incidents ne sont pas des livres. Ils ne sont pas non plus la base des livres -- dont l'idiosyncrasie est la pensée par opposition à l'action. Il ne peut y avoir de livre sans action. Mais un livre n'est un livre que dans la mesure où il développe une pensée, indépendamment des faits et gestes qu'il relate. Voyez l'Algèbre, dont la définition est -- ou devrait être : "une manière de calculer avec des symboles, au moyen de signes". Les nombres, l'Algèbre, comme telle, n'en a que faire. Et bien qu'aucun calcul algébrique ne puisse se prolonger sans recourir aux nombres, on n'a à parler d'Algèbre que dans la mesure où l'analyse qu'elle permet s'accomplit indépendamment de l'Arithmétique. (...)


(Extrait du compte-rendu critique de "Stanley Thorn", un roman de H. Cockton -- Janvier 1842.
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.)