Monday, August 29, 2005

(LAPALISSADE?)

Comme est profonde et complète cette évocation d'Adam telle que formulée au bas d'un ancien tableau du Vatican! -- "Adam, divinitus edoctus, primus scientiarum et literarum inventor."


(Extrait des "Marginalia" -- Décembre 1844.
On peut rendre cette inscription latine par: "Adam, qui doit tout son savoir à l'enseignement divin, est le premier inventeur et des sciences et des lettres."
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Traduction, retouchée, de V. Orban -- 1913.)

Wednesday, August 24, 2005

(PERENNITE RELATIVE?)

Un bon livre (*), certes; mais trop encombré, pour un ouvrage moderne, de philosophie surannée... Y voici étalé un argument qui prétend infirmer l'idée de permanence de notre système solaire "... du fait que nous savons, par la parole prophétique la plus indiscutable, que son destin n'est nullement de demeurer à jamais." Qui -- prêtre ou laïque -- croit encore aujourd'hui que les prophéties en question concernent quoi que ce soit de plus que le globe terrestre -- ou, plus strictement même, la seule croûte terrestre?

(*) "La Philosophie Sacrée des Saisons" -- par le Révérend Henry Duncan -- Ruthwell, en Ecosse.


(Extrait du premier feuilleton des "Marginalia" -- Novembre 1844.
Poe y reproduit, en termes analogues, l'observation déjà formulée dans le compte-rendu critique qu'il consacra, en mars 1840, à cet ouvrage d'inspiration théologique.
Non recueilli dans l'édition posthume de 1850.)

Tuesday, August 23, 2005

(CONVENTIONS DRAMATIQUES)

Quand je songe aux étranges a-parte et soliloques dans le théâtre des nations civilisées, je trouve presque respectables les expédients employés par les dramaturges chinois. "Quand un général sur la scène de Pékin ou de Canton," nous rapporte Davis, "reçoit l'ordre de partir en guerre, il brandit son fouet, prend entre ses mains une bride, court trois ou quatre fois autour d'une plate-forme, au milieu d'un fracas terrible de gongs, de tambours, de trompettes, s'arrête court et apprend au public où il est arrivé."
Un héros de tragédie en Europe serait quelquefois embarrassé pour en dire autant. La plupart semblent avoir une idée imparfaite de l'endroit où ils se trouvent. Dans la "Mort de César", par exemple, Voltaire fait courir çà et là la populace criant: "Courons au Capitole." Pauvres gens! Ils y sont tout le temps. Dans son souci de l'unité de lieu, l'auteur ne leur a jamais permis d'en sortir.


(Extrait d'une suite aux "Marginalia" intitulée "Notes Marginales -- N° I." -- Août 1845.
Reproduit sous cette forme dans l'édition posthume de 1850.
Traduction d'E. Hennequin -- 1882.)

Wednesday, August 17, 2005

(JUDEOPHOBIE...)

Une des falsifications les plus délibérées de Voltaire est quand il rend les paroles de Phlégyas criées depuis l'Enfer:

Di(s)cite justitiam, moniti, et non temnere Divos --

par:

Soyez justes, mortels, et ne craignez qu'un Dieu.

Il pervertit ce vers de manière à laisser entendre que les Anciens pratiquaient déjà le culte d'un seul Dieu, tentant ainsi de nier que l'idée de l'Unicité de Dieu trouve son origine chez les Hébreux.


(Extrait du premier feuilleton des "Marginalia" -- Novembre 1844.
Non reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Le célèbre vers de Virgile, tiré de L'Enéide, donne bien le pluriel "divos" -- "les dieux" -- et signifie: "Vous voilà prévenus -- apprenez la justice et ne méprisez pas les dieux."
C'est dans son court essai intitulé "Des divers changements arrivés à l'art tragique" que Voltaire, en 1764, glisse, pétri d'un antisémitisme grossier, cette version sournoisement altérée. La ruse n'a pas échappé à Poe...)