Tuesday, August 23, 2005

(CONVENTIONS DRAMATIQUES)

Quand je songe aux étranges a-parte et soliloques dans le théâtre des nations civilisées, je trouve presque respectables les expédients employés par les dramaturges chinois. "Quand un général sur la scène de Pékin ou de Canton," nous rapporte Davis, "reçoit l'ordre de partir en guerre, il brandit son fouet, prend entre ses mains une bride, court trois ou quatre fois autour d'une plate-forme, au milieu d'un fracas terrible de gongs, de tambours, de trompettes, s'arrête court et apprend au public où il est arrivé."
Un héros de tragédie en Europe serait quelquefois embarrassé pour en dire autant. La plupart semblent avoir une idée imparfaite de l'endroit où ils se trouvent. Dans la "Mort de César", par exemple, Voltaire fait courir çà et là la populace criant: "Courons au Capitole." Pauvres gens! Ils y sont tout le temps. Dans son souci de l'unité de lieu, l'auteur ne leur a jamais permis d'en sortir.


(Extrait d'une suite aux "Marginalia" intitulée "Notes Marginales -- N° I." -- Août 1845.
Reproduit sous cette forme dans l'édition posthume de 1850.
Traduction d'E. Hennequin -- 1882.)

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