Wednesday, July 13, 2005

(PLUS NOIR QUE NOIR...)

.I.

On peut remarquer que si dans tous les pays l'omnicolore, le blanc, est reconnu comme emblématique de la Pureté, l'incolore, le noir, n'a, lui, nullement fait l'unanimité pour à suffisance caractériser l'Impur. Il y a des diables bleus comme il en est de noirs; et quand nous pensons vraiment du mal d'une femme, et désirons noircir son personnage, nous l'appelons simplement "un bas-bleu", tout en lui conseillant de lire dans le "Gargantua" de Rabelais le chapitre "de ce qui est signifié par les couleurs blanc et bleu". Il y a une plus grande différence entre ces "couleurs", en effet, qu'entre le simple noir et le blanc. Votre "bleu", quand il est question de ces bas, est noirissime -- "nigrum nigrius nigro" -- comme cette matière à partir de laquelle Raymond Lulle a pour la première fois fabriqué son alcool.


(Première entrée de la série "Cinquante Suggestions" -- Mai 1849.
Boutade acide sur les "bas-bleus" que Poe, quoiqu'on en pense généralement, ne manquait jamais d'étriller, tout galant qu'il fût.
Par "diables bleus" -- "blue devils" -- il faut entendre le "blues".
Curieusement, la réflexion initiale à propos du blanc (le Pur) et du noir (l'Impur) semble n'avoir encore jamais été versée au pourtant copieux dossier sur la sensibilité "sudiste" de notre auteur.
Traduction, retouchée car infidèle selon la lettre, de Ph. Dally -- 1939.)

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