Thursday, June 10, 2004

(RECIT COURT ET UNITE D'EFFET)

"(...) Il n'est pas donné à tout le monde d'assembler convenablement les parties d'une 'belle oeuvre'; ce qui n'empêche qu'une fois la tâche accomplie, sur dix personnes que vous rencontrerez il s'en trouvera sûrement une capable de la comprendre et de l'apprécier. Nous ne pouvons admettre qu'il faille moins de talent pour composer une COURTE NOUVELLE, que pour écrire un roman de dimensions ordinaires. Le roman exige assurément ce qu'on est convenu d'appeler 'l'effort soutenu'; mais ce n'est là qu'une question de persévérance, et cette vertu n'a qu'une relation secondaire avec le talent. D'autre part, l'unité d'effet -- qualité aussi rarement appréciée que peu comprise des esprits médiocres, et même difficile à atteindre pour ceux qui la conçoivent, -- est beaucoup plus indispensable dans la courte nouvelle que dans le roman. Ce dernier, s'il est goûté, ne sera admiré que par fragments détachés n'ayant aucun rapport avec l'ouvrage entier, ni avec le plan général adopté par l'auteur. Encore faut-il reconnaître que quand ce plan ne fait pas tout à fait défaut, l'écrivain n'y attache, pour sa part, qu'une importance relative, et qu'en tout cas, la longueur de la narration empêchera toujours le lecteur de l'apercevoir de prime abord. (...)" (Extrait du compte-rendu critique de "Watkins Tottle et Autres Esquisses... par Boz" de Dickens -- juin 1836, donné parmi les "Marginalia" dans l'édition posthume de 1850. Traduction de V. Orban - 1913.)

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