Friday, June 25, 2004

(UNE ETRANGE PLANETE)

Mystérieuse étoile!
Tu fus mon rêve
Toute une longue nuit d'été...
Sois maintenant mon sujet!
Près de ce clair ruisseau
J'écrirai de toi;
De temps en temps, de loin,
Baigne-moi dans ta lumière.


Ton monde n'a pas les tares du nôtre,
Mais toute la beauté -- toutes les fleurs
Qui écoutent notre amour ou parent nos bosquets
Dans les jardins des rêves, où reposent
Tout le jour les rêveuses jeunes filles;
Tandis que les vents argentins de Circassie
Sur des couches de violettes s'évanouissent.


Peu -- oh! bien peu habite en toi
Qui ressemble à ce que nous voyons sur terre;
Ici les yeux de la Beauté sont les plus bleus
Chez celle qui est la plus fausse et la plus infidèle --
Sur l'air le plus suave flotte
La note la plus triste et la plus solennelle --
Si chez toi les coeurs sont brisés,
La joie si paisiblement s'en va
Que son écho toujours demeure
Comme le murmure dans le coquillage.
Toi! ton plus vrai symbole de peine
Est la feuille qui, doucement, tombe...
Toi! Si sacré est ton domaine
Que la douleur n'est pas même la mélancolie.



(En 1831, Poe remplaça les quinze premiers vers d'"Al Aaraaf" -- son long poème d'inspiration plotinienne publié en 1829 -- par ceux que nous donnons ici, mais qu'il supprimera pour toutes les éditions postérieures. Traduction de G. Mourey -- 1910.)

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