Saturday, July 17, 2004

FRANCES SARGENT OSGOOD.

  (...) Parler des poèmes de Mme Osgood, c'est ne cesser de répéter ce mot indéfini: Grâce, et tous ses dérivés. (...) Non seulement elle se montre elle-même gracieuse, mais encore fait-elle preuve d'un constant enthousiasme pour le gracieux, sous quelque aspect qu'il se présente à son jugement. Et cette intense dilection transparaît dans d'innombrables passages de ses écrits, tant en prose qu'en poésie. Peu importe le thème qu'elle aborde, elle en soutire aussitôt toute la quintessence de grâce possible. (...) La grâce! ce charme magique d'autant plus puissant qu'il est plus insaisissable, ce feu follet dont la suprême expansion enveloppe tout ce qu'il y a de précieux dans la poésie.
(...) Pour ce qui est de la prose pure, -- de la prose à proprement parler, -- peut-être de toute sa vie n'en a-t-elle jamais écrit la moindre ligne. Les articles qu'elle rédige régulièrement pour les Magazines constituent une classe en soi. Elle commence par un effort résolu pour être rassise, c'est-à-dire suffisamment prosaïque et positive, à propos d'une légende ou d'un essai, mais, au bout de quelques phrases, nous voyons se lever le voile de la Muse; puis vient une sonnerie de fanfares, suivie de vaines tentatives pour se contraindre; alors la tirade de vers s'envole; puis un petit poème, puis un autre, puis un autre encore, entrecoupés d'importuns lambeaux de prose, jusqu'à ce que le masque soit enfin arraché et jeté bien loin et que l'article se mette tout entier... à chanter.
(...) Pour le caractère, elle est ardente, sensible, impulsive, l'âme même de la loyauté et de l'honneur, une admiratrice du beau dont le coeur est si radicalement dépourvu d'artifice qu'on croirait que l'artifice abonde; universellement admirée; respectée et aimée. De sa personne elle est à peu près de taille moyenne, svelte jusqu'à sembler frêle, gracieuse dans le repos comme dans le mouvement, le teint d'ordinaire pâle; la chevelure noire et luisante; les yeux d'un gris clair et lumineux, grands, avec une singulière faculté d'expression.
 
 
(Conclusion du portrait littéraire de septembre 1846, donné dans le feuilleton des "Literati", et tel que révisé en 1848/49, puis repris dans l'édition posthume de 1850.
Traduction d'E. Lauvrière -- 1904.)

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