Wednesday, July 14, 2004

(POUR LA SAINT-VALENTIN)



A CELLE DONT LE NOM EST ECRIT CI-DESSOUS
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Ces rimes sont écrites pour celle dont les yeux lumineux,
Brillants et expressifs comme les étoiles de Léda,
Trouveront son propre doux nom qui, comme en un nid, repose
Sur cette page, caché aux regards de tout lecteur.
Scrutez scrupuleusement ces mots qui contiennent un trésor
Divin -- un talisman -- une amulette
Qu'on doit porter sur son coeur. Scrutez bien le rythme,
Les vocables, les lettres elles-mêmes! N'oubliez
Jusqu'au plus menu détail, ou vous risquez de perdre votre peine!
Et cependant il n'y a point là de noeud Gordien
Qu'on ne pourrait défaire sans un sabre
Si l'on pouvait seulement comprendre le plan.
Sur la feuille tout ouverte que fouillent
Maintenant des yeux aussi doux, repose là -- PERDU, dirais-je --
Un nom mélodieux souvent dit à l'oreille
Des poètes par des poètes -- car ce nom est aussi celui d'un poète.
Assemblées dans leur séquence usuelle, les lettres ici couchées
Composent aux oreilles de tous un son délicieux...
Ah! vous ne devriez avoir aucune difficulté à le découvrir,
Si vous n'étiez pas, ma chère, à faire un peu la sotte...
Mais, pour l'heure, j'abandonne cette énigme à sa devineresse.


E. A. P.



(Acrostiche lu dans un salon littéraire de New York, le soir du 14 février 1846, et publié une semaine plus tard dans l'"Evening Mirror". La récitation ne permettait évidemment pas de faire apparaître le nom caché de la poétesse évoquée, puique celui-ci, dans l'original en anglais, se recompose en prenant la 1° lettre du 1° vers, la 2° lettre du 2° vers, la 3° lettre du 3° vers, et ainsi de suite, pour finalement donner... "Frances Sergeant Osgood".
En 1848, Poe révisera cette poésie après s'être aperçu qu'il fallait "Sargent" au lieu de "Sergeant"... Cette nouvelle version ne sera publiée qu'en 1849, pour ensuite figurer dans l'édition posthume de 1850.
Traduction, retouchée, de G. Mourey -- 1889 et 1910.)

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